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Voici un texte qui corrobore bien la réponse que j'ai faite à Jo sur le Forum

heures défiscalisées dans le baba pour nous!!!

Coup de gueule, cri de rage ou plutôt cri de détresse pour une corporation qui fout le camp.

Les syndicats attendent quoi, pour faire bouger les pouvoirs publics Français et Européens, qu'il soit trop tard ? Que la détresse de certains routiers leur fasse faire l'irréparable ?

Le beau métier que nous avons fait est en train de s'effilocher de jours en jours et en apparence tout le monde s'en fout.... Mais attention ce n'est qu'en apparence......

Lors des dernières grandes grèves de routiers, les syndicat ont complètement perdu le contrôle des troupes à la fin... J'ai bien peur que la prochaine fois ce soit bien pire... A bon entendeur... alainfrancis.

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Que les conducteurs qui luttent excuses ma virulence et ma rage

Après bien des hésitations, je me suis décidé à vous donner mes impressions sur une corporation, qui est aussi la mienne depuis trente deux ans. Les conducteurs routiers sont en majorité désespérants. Leur comportement m’enrage souvent, et pourtant je ne devrais plus à 55 ans ! Il  y a des jours où l’on a envie de sortir les poings serrés du fond des  poches. Tant d’ignorance, de passivité et d’accoutumance à la situation dans le transport me sidère et me révolte. Plus on leur en prend, plus ils en donnent. Ce besoin de faire plaisir, voire d’être aimé de son maître, est bien le caractère de l’esclave forgé par des années de servitude et aussi par le mythe du routier musclé entretenu par une mauvaise littérature dans les centres routiers et par tous les (m’as-tu vu avec mon gros camion) qui se prennent pour des aventuriers. Leurs camions, c’est leur joujou, alors pas touche, plutôt y crever quinze heures par jour ! Ils y ont installé leurs nounours et autres décorations stupides et ridicule. Ce besoin d’être remarqué et de vouloir se distinguer de façon si négative et grotesque fait pitié. Le ridicule ne tue pas, et c’est dommage…. Il n’y a pas beaucoup de rebelles dans ce métier. Vu les conditions de travail d’un autre âge, ça en dit long sur la psychologie du camionneur et des rapports qu’il entretient avec son camion. Il n’y a pas l’ombre d’une révolte sous leurs mauvaises casquettes  américaines. Des grandes gueules, des gros bras, ça oui ! Aujourd’hui, c’est sur ces mauvais clowns que les transporteurs s’appuient pour imposer à  tous, les conditions de travail  d’un autre âge et des salaires ridicules. Ceux dont l’esprit de résistance demeure intact s’en  sortent moins mal, mais subissent aussi les conséquences de cet état d’esprit de soumission général. Je ne voudrais pas jouer les provocateurs, mais enfin, il est facile de constater que trop de conducteurs font du zèle et vont au-delà des désirs de leurs employeurs. En fait, les routiers on les conditions de travail et les salaires qu’ils méritent. Ils ne font aucun effort pour s’informer de leurs droits. Les règlements, ils ne veulent pas connaître. Les contrôles, ça les gêne. Manipuler le sélecteur est une contrainte, c’est tout dire. Les conventions collectives : inconnues, Ils ne peuvent plus faire leurs seize heures par jour, rendez vous compte ! C’est terrible de trouver normal d’être à ce point esclave de son travail. Aucune autre profession n’est dans cette situation. L’esclavage a été aboli partout, sauf chez les routiers. On ne peut reprocher aux employeurs de défendre leurs intérêts, mais on peut reprocher aux conducteurs de méconnaître leurs droits. Gueuler contre les (syndicats qui ne font rien) est trop facile et donne bonne conscience. Ceux-là, que fonts ils à part courber le dos, râlant souvent mais courant toujours ? C’est en eux-mêmes que les conducteurs doivent chercher les causes de leurs conditions. (…)

Il y a du travail à faire pour que les mentalités changent dans ce métier. Il est amusant de constater que ce sont les pouvoirs publics et les contrôles répétés de la gendarmerie qui font le travail que les conducteurs auraient dû faire, à savoir contraindre les employeurs à respecter la réglementation pour des raisons évidentes de sécurité et aussi en raison du  chômage (….)

Que les conducteurs qui luttent et résistent avec de modestes moyens (II y en a aussi, trop peut nombreux hélas), excuse ma virulence et ma rage, mais il me semble que la responsabilité des conducteurs n’est pas assez dite, par des démagogie ou par peur de déranger le ronron ambiant. J’ai envie de dire aux routiers : réveillez vous (Pour  des gens qui dorment souvent très peu, c’est osé, je le reconnais). J’ai aussi la nette impression qu’une majorité a renoncé à la dignité élémentaire pour sombrer dans la servitude volontaire. La dignité ne se négocie pas, elle s’impose par notre propre comportement. D’avoir mis la main là ou ça fait mal ne va pas guérir le malade, Je le sais, mais enfin, si cette lettre dérange un peu le conformisme ambiant du métier, ce sera déjà ça. La condition des conducteurs routiers changera lorsqu’ils auront décidé de se faire respecter, de connaître leurs droits, de changer de mentalité, et cesser de ce prendre pour de virils aventuriers. En attendant que cela change, les transporteurs on encore, hélas de beaux jours devant eux. Personnellement, je ne suis qu’un homme libre et debout, et qui fera tout pour le rester. Le sentiment de dignité, on le porte en soi, et rien ni personne ne vous l’enlève si on le décide. Voilà, j’arrête ici ma rage. Je tenais absolument à l’exprimer.

                                                                                                                              Emile Jaffre